L'étranger, de Camus …
D'abord, première question que je me
pose : le titre. Pourquoi ce titre ? Pourquoi pas,
allez-vous me dire. Mais il m'interpelle.
J'ai entre les mains ce livre publié
par la maison d'édition folio. Je le tourne, et là, je tombe sur un
extrait de texte que voici :
« Quand la sonnerie a encore
retenti, que la porte du box s'est ouverte, c'est le silence de la
salle qui est monté vers moi, le silence, et cette singulière
sensation que j'ai eue lorsque j'ai constaté que le jeune
journaliste avait détourné les yeux. Je n'ai pas regardé du côté
de Marie. Je n'en ai pas eu le temps parce que le président m'a dit
dans une forme bizarre que j'aurais la tête tranchée sur une place
publique au nom du peuple français. »
Deuxième chose qui m'interpelle,
pourquoi aurait-il la tête tranchée ? Qu'a-t-il fait ?
J'avais déjà entendu parler de ce
livre (sinon honte à moi?) par ma professeure de français l'année
dernière, et aussi par ma mère. Ce dont j'ai eu le droit c'est « Il
n'a pas pleuré à l'enterrement de sa mère »... « Et
alors, il peut en être choqué et ne pas savoir comment réagir sur
le moment ? », me suis-je obligatoirement dit... Mais non.
Je reconnais après lecture de cette œuvre, que j'avais tord.
Dès les premières pages, nous,
lecteurs, sommes plongés dans l'univers d'un être simple, qui ne se
prend pas la tête, qui ne fait jamais ou ne dit jamais les choses
pour rien. Et ce trait de sa personnalité est très fortement
souligné par la manière d'écrire qu'a utilisé Camus. Comme je
l'ai dit à des amis de ma classe, tout au long du livre c'est
grosso-modo « sujet – verbe - complément ». J'ai eu
tout de suite un à priori négatif, par peur de me lasser de ce
style si simple … Mais non, nous suivons avec une facilité
épatante les mots qu'a tracés l'auteur, et le livre est mangé tout
cru avant qu'on n'ait le temps de dire « Ouuuuf ».
J'exagère, c'est pour donner une image.
L'utilisation de la première personne
pour la narration nous immisce dans la peau du personnage et
pourtant, on n'arrive pas à s'assimiler à lui. On ne le comprend
pas non plus. Comme tous les autres personnages du livre. Et c'est là
que j'ai compris le sens du titre ! L'étranger ! Je pense
(parce que je ne suis pas une illustre commentatrice) que le fait de
nous plonger dans la peau de ce personnage qui nous est étranger et
l'est aux autres, met en évidence le fait qu'il est lui-même un
étranger pour lui : il ne se comprend peut-être pas lui-même ?
Les premiers mots du roman annoncent
déjà la suite, ne trouvez-vous pas ? « Aujourd'hui,
maman est morte. ». Simple, sans émotion, aucune. Comme tout
le reste du livre. « Ou peut-être hier, je ne sais pas »...
ce personnage est simplement un être qui ne ressent pas vraiment
d'émotions ou plutôt, qui ne s'attache pas aux choses.
Il aime les
plaisirs simples, et il se contente de vivre au jour le jour,
laissant le passé derrière lui et le futur à sa place.
Je ne suis pas sûre de m'être
attachée au personnage... Il ne ressent rien, alors comment
pourrait-on ressentir des choses à travers lui ? Ses seuls
sentiments sont bénins, il les évacue aussi vite qu'un mal de tête,
comme s'il était en possession d'une gomme magique. Et il reprend
son train-train quotidien … Est-ce qu'une telle personne existe
réellement ? Je ne pense pas, mais qui c'est …
Venons-en au fait, à la cause de son
exécution annoncée. Il a tué quelqu'un, un arabe. Il ne sait pas
pourquoi, ce n'était pas prémédité. Et pourtant, il l'a tué avec
une première balle, puis a tiré quatre autres fois dans son corps
inerte … Et il se rend compte seulement à son procès, - quand il
entend les gens autour de lui échanger sur son cas -, qu'il a fait
cela parce qu'il avait chaud. Parce que le soleil lui brûlait le
front. C'est tout de suite choquant, et ça marque l'impossibilité
de le comprendre un jour.
***
Mais tout de même, j'ai réussi à
apprécier ma lecture. C'était simple à lire, les mots défilaient
tout seuls dans ma bouche. Simple à l'image du personnage. Un esprit
simple où l'auteur nous a glissé à travers ces pages pour nous
faire découvrir qu'au final, nous sommes tous l'étranger de
quelqu'un, mais aussi de nous-même. Ce n'est pas tout le monde qui peut nous comprendre, et nous non plus, on ne se comprend pas parfois !
Je vous laisse sur une citation que
j'ai apprécié, dans les dernières pages du livre... « Mais
tout le monde sait que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. ».